L’histoire aurait pu être banale : une entreprise cotée en bourse achète du Bitcoin pour diversifier sa trésorerie. Sauf que Semler Scientific (SMLR) ne joue pas selon les règles traditionnelles. Avec 167 BTC supplémentaires acquis en mai 2025, portant son portefeuille à 3 634 bitcoins, la société ne se contente pas de suivre une tendance – elle réécrit le manuel de la gestion d’actifs institutionnels.
Comment une entreprise de santé, a priori éloignée des cryptomonnaies, est-elle devenue le quatrième plus gros détenteur corporate de Bitcoin aux États-Unis ? Et surtout, pourquoi ce pari audacieux pourrait bien préfigurer l’avenir des réserves financières des entreprises ?
Bitcoin comme actif de trésorerie : la stratégie qui défie Wall Street
Lorsqu’Eric Semler, président de Semler Scientific, annonce un rendement Bitcoin de 22,2 % depuis janvier 2025, le message est clair : le BTC n’est plus un actif spéculatif, mais un pilier stratégique. Avec un prix d’achat moyen de 97 093 $ par bitcoin, l’entreprise a transformé 322,3 millions de dollars en une réserve valorisée aujourd’hui à 352,4 millions.
« Nous étions une entreprise zombie », admet Semler. Comme MicroStrategy en 2020, SMLR a choisi le Bitcoin pour sortir de l’ornière boursière. Résultat ? Un cours multiplié par quatre, alors que l’action stagnait depuis des années. La leçon est limpide : dans un marché saturé, la disruption paie.
Contrairement aux obligations ou aux liquidités traditionnelles, le BTC offre une rareté algorithmique et une indépendance face à l’inflation. Un atout majeur pour Semler, qui utilise désormais le rendement Bitcoin comme indicateur clé de performance – une première dans le monde corporate.
« La plupart des fonds ne peuvent pas acheter d’ETF Bitcoin », explique Semler. En devenant un véhicule d’exposition indirecte, SMLR attire les investisseurs institutionnels en quête de liquidité régulée. Une stratégie qui pourrait faire école.
3 634 BTC et après ? Vers un nouveau standard financier
Avec 39,8 millions de dollars levés via une offre ATM (at-the-market), Semler Scientific prouve une chose : le marché croit à son virage Bitcoin. Mais cette métamorphose soulève une question plus large : et si le BTC remplaçait progressivement les réserves traditionnelles ?
Les entreprises accumulent traditionnellement des bons du Trésor ou des dépôts bancaires. Problème : avec des rendements réels souvent négatifs (une fois l’inflation déduite), ces actifs perdent de leur sens. Le Bitcoin, avec sa croissance organique et son plafond fixe, apparaît comme une alternative crédible.
Chaque nouveau corporate adoptant le BTC (comme Tesla ou Block) renforce sa légitimité. Semler s’inscrit dans cette dynamique – et pourrait inciter d’autres sociétés à suivre. Un scénario où le Bitcoin deviendrait un standard de réserve n’a rien d’utopique.
Certes, la volatilité du BTC effraie encore certains CFO. Mais pour Semler, la diversification prime. « Nous ne misons pas tout sur le Bitcoin, mais il fait partie d’une stratégie plus large », précise-t-il. Une approche équilibrée qui pourrait devenir la norme d’ici 2030.