El Salvador s’approche d’un point de bascule. Pas un “moment historique” façon slogan. Plutôt un jalon comptable, daté, et surveillé. Le FMI vient de confirmer que les discussions avancent avec San Salvador, notamment autour du projet Bitcoin et de la vente de Chivo, le portefeuille public. Dans le même mouvement, l’institution martèle ses priorités : transparence, protection des fonds publics, réduction des risques. Le reste, c’est du storytelling.
Un accord Bitcoin qui parle surtout de règles
Le FMI resserre donc le cadre autour du Bitcoin au Salvador. Pendant ce temps, JPMorgan suit la même logique en testant des solutions de trading crypto pour ses clients, avec un objectif clair : encadrer l’usage, réduire les risques et renforcer la conformité. Au fond, le message converge. Bitcoin peut progresser, mais seulement s’il devient plus transparent et mieux contrôlé.
Le communiqué du FMI est clair sur le ton. Les discussions sur le projet Bitcoin continuent, mais elles sont cadrées : plus de visibilité, moins d’angles morts. Ce vocabulaire n’est jamais neutre. Il dit, en creux, que l’expérience salvadorienne doit désormais ressembler à une politique publique classique, pas à une expérimentation permanente.
Le FMI ajoute que l’objectif est d’arriver à un staff-level agreement sur les politiques et réformes nécessaires pour boucler la deuxième revue du programme. Traduction : il y a une marche à franchir, et elle n’est pas symbolique. Sans validation technique, pas de suite fluide côté décaissements.
Et pendant que le Bitcoin capte la lumière, le FMI insiste sur le film de fond : discipline budgétaire, réserves, financement domestique. Le message est presque pédagogique : la crédibilité se mesure en lignes budgétaires, pas en tweets.
Chivo, le nœud qui vaut plus qu’un débat idéologique
Chivo n’est pas un détail. C’est l’interface entre l’État et l’usage du Bitcoin au quotidien. Le FMI indique que les négociations pour la vente du portefeuille gouvernemental sont bien avancées. Là encore, ce n’est pas une formule décorative : c’est l’un des points les plus auditables du dossier.
Pourquoi cette insistance ? Parce qu’un portefeuille public, financé et opéré par l’État, porte des risques : gouvernance, coûts, responsabilité en cas de dérives, et confusion possible entre politique économique et communication politique. Le FMI ne demande pas d’aimer ou de détester le Bitcoin. Il demande de séparer l’innovation de l’exposition publique.
Le compromis qui se dessine ressemble à une privatisation de l’infrastructure et à un retour de l’État en arrière-plan. Le secteur privé peut continuer à proposer des services Bitcoin, mais l’État évite d’être à la fois juge, partie, et guichet. C’est plus sobre. Et c’est exactement ce que les bailleurs aiment.
Bukele joue la rigueur et garde le récit Bitcoin
Sur le plan macro, le FMI salue la dynamique : croissance, consolidation budgétaire, et un objectif de solde primaire fin 2025 jugé bien en ligne, avec un budget 2026 cohérent avec une réduction du déficit et davantage de dépenses sociales. C’est le versant costume-cravate du Salvador version 2025.
Mais le pays n’a pas rangé le drapeau orange. Malgré les engagements de prudence, El Salvador continue d’entretenir son récit de réserve stratégique. Des données attribuées au gouvernement sur la blockchain évoquent environ 7 508 BTC. À ce niveau, chaque achat devient autant un acte financier qu’un signal politique.
