L’Afrique du Sud finit 2025 avec un signal rassurant sur le front des prix. En novembre, l’inflation annuelle est redescendue à 3,5% et l’indice a même reculé de -0,1% sur le mois. Ce petit décrochage remet l’idée d’une baisse des taux au centre du jeu, juste avant la réunion de politique monétaire prévue le 29 janvier 2026.
Un chiffre qui change le ton des marchés
À 3,5% en novembre, l’inflation globale ralentit pour la première fois en trois mois. Ce n’est pas spectaculaire. Mais, dans une économie où chaque dixième compte, la direction importe autant que la vitesse. Statistics South Africa souligne aussi que plusieurs catégories ont refroidi, avec un effet net sur le panier moyen.
La baisse est d’autant plus observée qu’elle arrive après un changement de règle du jeu. Depuis novembre 2025, la cible d’inflation n’est plus une large fourchette de 3% à 6%. Elle devient un point de 3%, avec une tolérance de ±1 point. Le message est de viser plus bas, et s’y tenir.
Dans ce décor, les anticipations se réajustent vite. Une inflation qui colle déjà à 3,5% rend le nouvel objectif moins théorique. Elle donne aussi des arguments à ceux qui attendent un assouplissement monétaire en 2026, plutôt qu’un statu quo prolongé.
L’alimentation grimpe, mais le reste respire
Le détail est moins confortable que le titre. L’inflation alimentaire repart à 4,4% sur un an. C’est sa première hausse en quatre mois. Pour beaucoup de ménages, c’est là que se joue la vraie perception de la vie chère, bien avant les graphiques des économistes.
Le choc vient surtout de la viande. Les prix ont bondi de 12,2% sur un an, un sommet depuis janvier 2018. Le bœuf n’est plus seul, et d’autres viandes accélèrent aussi. Résultat: le braai du week-end coûte plus cher, et pas seulement dans les quartiers huppés.

À côté, certains postes font l’inverse et amortissent. Les céréales, par exemple, se calment, et plusieurs produits affichent des baisses mensuelles. Les œufs et les produits laitiers restent même en légère déflation. L’inflation n’est donc pas “partout”; elle se concentre, ce qui complique la lecture politique mais clarifie le diagnostic économique.
Pourquoi une baisse des taux paraît plausible
La Banque de réserve sud-africaine a déjà bougé. En novembre 2025, son Comité de politique monétaire a abaissé le taux directeur de 25 points de base à 6,75%. La décision était unanime, portée par des perspectives d’inflation jugées meilleures. Autrement dit: la porte est entrouverte, et les marchés regardent si elle s’ouvre davantage.
Le poste “transport” donne un indice utile. L’inflation des transports retombe à 0,7%, portée par des véhicules moins inflationnistes et des carburants en baisse de 2,2% d’un mois sur l’autre. Les voitures d’occasion deviennent même, statistiquement, moins chères qu’il y a un an. Ce genre de dynamique agit comme une pompe à désinflation, discrète mais efficace.
Reste une nuance: une cible à 3% peut rendre la banque centrale plus exigeante, pas moins. Viser plus bas peut justifier des taux encore élevés si les risques repartent (énergie, change, alimentation). Mais avec une inflation sous-jacente à 3,2%, le cœur du moteur ne surchauffe pas. Cela renforce l’idée d’un cycle de baisse graduelle, plutôt qu’un grand coup de frein.
Ce que cela change pour la crypto et ce que cela ne change pas
Quand les taux baissent, l’argent cherche souvent plus de rendement ailleurs. En Afrique du Sud, cela peut redonner de l’air aux actifs risqués, y compris la crypto. Pas parce que le bitcoin “monte quand les taux baissent” de façon mécanique, mais parce que l’appétit de risque se déplace avec le prix de l’argent.
Il y a aussi un effet plus local. Des taux moins élevés peuvent réduire la pression sur les ménages endettés, et donc sur la demande de solutions de paiement alternatives. Or, dans les périodes de tension, certains basculent vers des usages crypto très pratiques: stablecoins pour épargner en dollars, transferts transfrontaliers, ou simple arbitrage quand le rand bouge. Ici, l’inflation qui ralentit peut calmer ces réflexes, sans les effacer.
Enfin, la crypto reste tributaire d’autres variables que l’IPC. La régulation, la liquidité mondiale, et la confiance dans les plateformes pèsent souvent davantage que le chiffre de 3,5%. Cela dit, un environnement macro plus stable réduit le bruit de fond. Il rend les décisions moins défensives. Et il rappelle une chose: quand l’inflation s’assagit, le débat ne disparaît pas, il change de question.
