À Washington, la crypto redevient un sujet brûlant. Maxine Waters réclame une audition de surveillance de la SEC et veut entendre son président, Paul Atkins. Elle accuse l’agence d’avoir changé de ligne trop vite, surtout après l’abandon de dossiers importants visant des acteurs majeurs du secteur.
Une lettre qui vise le cœur du problème
Maxine Waters demande à la commission des services financiers de la Chambre d’organiser une audition pour examiner la nouvelle politique crypto de la SEC. Elle a écrit au président de la commission, French Hill, en expliquant que la supervision parlementaire n’a pas suivi le rythme des décisions récentes.
Dans sa logique, le contraste est frappant. Sous Gary Gensler, la SEC venait témoigner rapidement. Sous Paul Atkins, rien de comparable n’a eu lieu, alors que l’agence modifie des priorités structurantes. Waters y voit un angle mort institutionnel.
Elle pose aussi une question simple, mais gênante. Si la SEC recule sur plusieurs fronts, comment compte-t-elle encore décourager la fraude et la manipulation ? Sans réponse publique, le marché comble le silence avec ses propres interprétations. Et en crypto, l’imagination va vite. Découvrez comment la SEC régule les marchés financiers.
Les dossiers abandonnés, et le message envoyé au marché
Le point qui met le feu, ce sont les procédures lâchées ou stoppées. L’exemple le plus commenté est Binance. La SEC a volontairement abandonné son action civile, et la décision est “avec préjudice”, donc non relançable dans ce format. C’est un signal lourd, même si cela ne clôt pas toutes les autres dimensions juridiques autour de Binance.
Coinbase est l’autre symbole. L’annonce d’un accord en principe pour mettre fin au dossier a marqué un tournant, car l’affaire était devenue un test grandeur nature de la doctrine “tout est titre financier” appliquée aux tokens. Pour l’industrie, cela ressemble à une porte qui s’ouvre.
Waters insiste sur un détail qui dérange. Dans certains cas, dit-elle, des défendeurs auraient communiqué la fin des poursuites avant même un vote officiel de la Commission. Même si la mécanique interne est complexe, l’autorité paraît moins ferme, et surtout moins lisible.
“Project Crypto” : clarifier, ou désarmer ?
Le camp Atkins ne présente pas cette évolution comme une capitulation. Il parle plutôt d’une réorientation. “Project Crypto” est justement censé installer une approche plus structurée, avec davantage de clarté sur l’application des règles existantes et sur la place des acteurs régulés.
Dans ses prises de parole, Atkins défend une idée : l’Amérique doit offrir un cadre qui protège les investisseurs sans repousser l’innovation à l’étranger. Sur le papier, c’est raisonnable. Le problème, c’est l’ordre des opérations. Si la clarté arrive après le relâchement, l’industrie retient surtout le relâchement.
Plusieurs cabinets et observateurs décrivent “Project Crypto” comme une tentative de moderniser la régulation, y compris sur la trading-custody et l’organisation des plateformes. Cela peut réduire le flou. Mais cela peut aussi réduire la peur du gendarme. Or la crypto attire autant les bâtisseurs que les opportunistes. Waters veut s’assurer que la deuxième catégorie ne reçoit pas un cadeau involontaire.
Le facteur politique qui rend la crypto inflammable
Cette séquence arrive au mauvais moment, ou au bon, selon le camp. Les démocrates ont de fortes chances de reprendre la majorité à la Chambre en 2026. Si cela se confirme, Waters pourrait redevenir centrale dans la définition du ton politique face à la crypto.
Du côté des marchés, l’effet est paradoxal. Une SEC plus conciliante peut soutenir l’activité, donc le sentiment. Mais une crypto hyper-politicisée augmente l’incertitude. Et l’incertitude est un poison discret pour les entreprises qui veulent investir, embaucher, structurer des produits long terme.
