L’histoire de Mt. Gox est celle d’une ascension fulgurante suivie d’une chute retentissante, une saga qui a secoué les fondations mêmes du marché crypto. De sa domination sur le marché du Bitcoin à sa faillite en 2014, Mt. Gox symbolise à la fois le potentiel et les dangers des échanges centralisés. Mais que s’est-il réellement passé, et comment cet épisode a-t-il redéfini l’industrie crypto ?
La montée en puissance et l’effondrement de Mt. Gox
Mt. Gox, acronyme de “Magic: The Gathering Online eXchange”, a débuté en 2006 comme une plateforme pour échanger des cartes du jeu Magic.
Cependant, son destin a pris un tournant radical en 2010, lorsque Jed McCaleb l’a transformée en une bourse de bitcoins.
Visionnaire, McCaleb a cédé Mt. Gox à Mark Karpelès en 2011, laissant derrière lui une plateforme qui allait bientôt capter plus de 70 % des transactions mondiales en Bitcoin. À l’époque, Mt. Gox était synonyme de pouvoir dans l’univers naissant des cryptomonnaies.
Mais la montée en puissance s’accompagnait de fissures. En 2011 déjà, une violation de sécurité entraînait le vol de 25 000 bitcoins. Ce n’était qu’un avant-goût des failles qui allaient bientôt conduire à son effondrement. Début 2014, Mt. Gox est à l’agonie.
Les utilisateurs rencontrent des retards de retrait, et le 28 février, l’échange se place sous la protection de la loi sur les faillites au Japon. 850 000 bitcoins, soit l’équivalent de 450 millions de dollars à l’époque, avaient disparu. Ce vol reste à ce jour l’un des plus grands mystères du secteur.
Les enquêtes révèleront plus tard que Mt. Gox souffrait d’une insolvabilité chronique, conséquence d’une gestion calamiteuse et de failles de sécurité constantes.
Mark Karpelès, en tant que figure de proue, fut arrêté en 2015, accusé de détournement de fonds. Bien que finalement acquitté de ces charges, il a été reconnu coupable de falsification de documents financiers, une tâche indélébile dans l’histoire de Mt. Gox.
Le processus de remboursement : une lenteur frustrante
Depuis la chute de Mt. Gox, une question brûlante demeure : quand les créanciers seront-ils remboursés ? En 2018, la faillite initiale a été convertie en réhabilitation civile, donnant ainsi un mince espoir aux créanciers de récupérer une partie de leurs pertes.
Toutefois, les procédures traînent en longueur. Un plan de réhabilitation déposé en 2020 n’a été approuvé qu’en novembre 2021, après de multiples retards.
Le processus s’est intensifié à partir de 2022, avec la vérification des créances et la sécurisation des fonds. Malgré ces avancées, le syndic, Nobuaki Kobayashi, a dû repousser plusieurs fois la date de remboursement.
Initialement prévu pour octobre 2023, la fenêtre de remboursement a été décalée à octobre 2024, déclenchant l’impatience des créanciers.
En avril 2024, les premiers remboursements en monnaie fiduciaire ont commencé à atteindre les comptes bancaires des créanciers, marquant un tournant important.
En juin 2024, Kobayashi a confirmé que les remboursements en bitcoin et bitcoin cash débuteraient en juillet 2024, pour une valeur collective de 9 milliards de dollars.
Le 5 juillet, Mt. Gox a enfin transféré près de 47 229 bitcoins à des adresses liées aux plateformes japonaises Bitbank et SBI VC Trade.
Bien que certains créanciers aient reçu leurs fonds rapidement, d’autres attendent toujours leurs paiements, soulignant la complexité logistique d’une telle distribution.
L’héritage de Mt. Gox : leçons apprises et impacts durables
La chute de Mt. Gox a laissé un héritage indélébile sur le marché crypto. Son effondrement a mis en lumière la fragilité des échanges centralisés et a précipité des réformes importantes dans l’industrie.
L’importance de mesures de sécurité robustes est devenue plus évidente que jamais.
De nombreux échanges, inspirés par cette débâcle, ont renforcé leurs protocoles pour éviter des catastrophes similaires.
La transparence et la réglementation ont également pris le devant de la scène.
Alors que Mt. Gox opérait dans une relative opacité, les régulateurs mondiaux ont depuis adopté des approches plus strictes pour garantir la sécurité des fonds des utilisateurs.
Aujourd’hui, les investisseurs sont par ailleurs plus prudents. Diversifier ses avoirs entre plusieurs plateformes, opter pour des portefeuilles matériels et se tourner vers des échanges décentralisés sont autant de stratégies devenues courantes après l’affaire Mt. Gox.
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