La fiscalité des cryptomonnaies reste un casse-tête pour les investisseurs comme pour les législateurs. Entre régulations floues et risques de double imposition, le Bitcoin et ses pairs naviguent dans un brouillard juridique qui freine leur adoption massive. Mais une lueur d’espoir se profile : la sénatrice américaine Cynthia Lummis propose une réforme audacieuse pour simplifier l’imposition des actifs numériques.
Son projet de loi, dévoilé ce jour, pourrait bien marquer un tournant. Exemptions pour les petites transactions, report d’impôts sur le minage, alignement sur les règles des titres traditionnels… L’objectif ? Désencombrer le paysage fiscal tout en stimulant l’innovation. Une avancée majeure, à condition que le texte survive aux turbulences politiques.
Bitcoin : Une bouffée d’air pour les petits portefeuilles
Le texte prévoit une exemption de minimis pour les gains mineurs. Concrètement ? Les transactions Bitcoin inférieures à 300 dollars échapperaient à l’impôt, avec un plafond annuel de 5 000 dollars. Une mesure qui soulage les utilisateurs occasionnels, souvent découragés par la complexité des déclarations pour quelques dollars de plus-value.
En filigrane, un constat : taxer chaque micro-transaction crypto reviendrait à surveiller chaque achat de café en monnaie digitale. Absurde, selon Lummis, qui défend une approche pragmatique. « Nos règles fiscales doivent refléter l’usage réel des technologies, pas l’étouffer », martèle-t-elle. L’ajustement prévu pour l’inflation dès 2026 évite aussi que ce seuil ne devienne obsolète.
Autre innovation majeure : les prêts en cryptomonnaies ne seront plus considérés comme des ventes imposables. Finie la discrimination entre un prêt de Bitcoin et un prêt d’actions. Une égalité de traitement qui fluidifie le marché… et rassure les institutions encore frileuses.
Minage et dons caritatifs : la fin des aberrations fiscales ?
L’exploitation minière cristallise les tensions. Aujourd’hui, les mineurs doivent déclarer leurs revenus en crypto dès leur création – même s’ils ne les vendent pas. Le projet Lummis change la donne : l’impôt ne sera dû qu’à la revente des actifs. Un soulagement pour ces acteurs clés, souvent étranglés par des taxes sur des gains non liquidés.
Côté philanthropie, le texte simplifie aussi les dons en Bitcoin. Plus besoin d’évaluations fastidieuses pour les cryptos activement tradées, au même titre que les actions cotées. Une aubaine pour les associations, qui pourraient voir affluer les contributions en actifs numériques.
Reste une question : quel impact budgétaire ? Selon les estimations, la réforme générerait 600 millions de dollars de recettes nettes sur dix ans. Preuve qu’optimisation fiscale et rentabilité peuvent coexister.
Dernier obstacle : l’adhésion du public et du Congrès. Lummis appelle à un débat ouvert pour peaufiner son texte. Une stratégie risquée, mais nécessaire. Car dans l’arène politique, comme sur le marché crypto, la transparence paie.