CZ pense que le Pakistan peut devenir un leader mondial de la crypto d’ici cinq ans, si le rythme actuel se maintient. Il l’a dit lors d’un échange public avec Bilal bin Saqib, figure du Pakistan Crypto Council.
Une ambition qui part du terrain, pas des slogans
Cette projection n’a rien d’un rêve “bull market”. Elle repose sur un fait têtu : au Pakistan, la demande pour les actifs numériques existe déjà. Elle se voit dans l’usage quotidien, souvent informel, et dans la façon dont le pays apparaît dans les classements d’activité crypto au détail.
CZ insiste surtout sur la vitesse politique. Quand un pays bouge vite, il attire tout ce qui aime la clarté : entrepreneurs, plateformes, capitaux, et même les talents qui hésitaient à rentrer au pays. Le Pakistan veut envoyer un signal : “ce marché n’est plus une zone grise”.
Mais la vitesse a un revers. Aller trop vite, c’est aussi risquer l’assemblage fragile : une règle mal écrite, une licence donnée trop tôt, une promesse trop large. Et en crypto, les promesses se paient comptant.
Régulation crypto : le moment où tout peut se consolider… ou se casser
Le tournant, c’est la mise en place d’un cadre dédié, avec une autorité fédérale annoncée pour encadrer les services liés aux actifs virtuels. Sur le papier, c’est la pièce manquante : qui autorise, qui surveille, qui sanctionne.
Dans cette logique, l’ouverture à des acteurs majeurs devient un test. Des annonces récentes indiquent que Binance et HTX ont reçu des feux verts initiaux, leur permettant d’avancer vers des structures locales et un processus de licence. Ce n’est pas “tout est permis”. C’est plutôt “entrez, mais avec des garde-fous”.
Le nerf de la guerre, maintenant, c’est l’exécution. La conformité AML, la traçabilité, la protection des clients, le traitement des litiges. Si ces briques restent théoriques, la confiance se dégonfle. Si elles deviennent routinières, le Pakistan gagne un statut : celui d’un marché crypto praticable, donc finançable.
Tokenisation : l’aimant à capitaux que le Pakistan veut activer
L’autre axe, plus ambitieux, c’est la tokenisation. CZ la présente comme une évidence économique : ouvrir un marché domestique à l’achat mondial. Dit autrement, rendre des actifs pakistanais “cliquables” pour un investisseur à l’autre bout du monde.
Ce n’est pas qu’une discussion de plateau. Le Pakistan a signé un accord de travail avec Binance pour explorer la tokenisation d’actifs souverains pouvant aller jusqu’à 2 milliards de dollars, selon Reuters. Là, on sort du marketing. On parle de bons du Trésor, d’instruments publics, et de liquidité importée.
Le piège, c’est de croire que tokeniser suffit. Une action tokenisée ou une obligation tokenisée reste une promesse de droits. Il faut la plomberie : conservation, règlement-livraison, audits, passerelles avec le système légal. Si ce chantier est bien mené, le Pakistan peut gagner plus qu’un “narratif”. Il peut gagner un avantage structurel.
Le vrai juge de paix : l’usage crypto quotidien, pas les conférences
Le Pakistan n’a pas besoin que tout le monde trade. Il a surtout besoin que la crypto serve à quelque chose de banal : payer, épargner, recevoir de l’argent, sécuriser une valeur. Dans un pays où les frictions financières existent, les stablecoins et les rails blockchain peuvent devenir des outils, pas des idéologies.
Le gouvernement et la banque centrale regardent aussi d’autres pistes : pilote de monnaie numérique, cadre législatif, discussions avec des partenaires technologiques. Ça montre une chose : le sujet n’est plus traité comme un hobby d’initiés. Il entre dans la boîte à outils de l’État.
Reste la condition la plus sous-estimée : la pédagogie. CZ le dit à sa façon, en comparant la crypto à des secteurs plus “fermés” comme la banque ou l’IA. La blockchain baisse la barrière d’entrée, mais elle ne protège pas des erreurs. Former, incuber, expliquer les risques : c’est moins glamour qu’un lancement, mais c’est ce qui fait durer un écosystème.
