Le Ghana vient d’adopter le Virtual Asset Service Providers Bill (2025). Il s’agit d’une loi qui officialise l’encadrement des cryptos dans le pays. Le texte prévoit la mise en place d’un régime de licences pour les plateformes et prestataires liés aux actifs virtuels, avec une supervision confiée à la Bank of Ghana.
Une loi pour encadrer une pratique déjà massive
Le Parlement du Ghana a adopté le Virtual Asset Service Providers Bill (2025). C’est un texte qui établit pour la première fois un cadre juridique clair pour les cryptos dans le pays. La loi légalise de facto le trading crypto. Aussi, elle met fin à l’incertitude qui entourait jusqu’ici leur utilisation par les particuliers et les entreprises.
Avant ce vote, les cryptos n’étaient ni reconnues comme monnaie légale, ni explicitement interdites. Cette absence de statut précis avait conduit à une situation intermédiaire. Dans cette dernière, les autorités alertaient régulièrement sur les risques sans disposer d’outils réglementaires pour intervenir. Malgré cela, l’usage s’est largement développé, notamment autour du Bitcoin et de l’Ethereum.
L’adoption de la loi vise donc à aligner le droit sur une réalité économique existante. Elle précise que les individus ne peuvent plus s’inquiéter simplement pour l’achat, la détention ou la vente de cryptos, tant que ces opérations restent dans un cadre légal.
La Bank of Ghana chargée de la supervision des cryptos
Le texte confère un rôle central à la Bank of Ghana. La banque centrale devient ainsi l’autorité chargée de licencier, superviser et contrôler l’ensemble des prestataires de services liés aux actifs virtuels. Cela inclut les plateformes d’échange, les fournisseurs de portefeuilles numériques et d’autres intermédiaires opérant sur le marché.
Selon le gouverneur Johnson Asiama, cette supervision vise à intégrer une activité émergente dans des « limites claires, responsables et bien gouvernées ». L’objectif affiché est d’améliorer la transparence des flux. Aussi, elle permet de réduire les risques liés au blanchiment d’argent et de renforcer la protection des utilisateurs.
La loi impose également des obligations strictes en matière de conformité AML/KYC et de protection des consommateurs. Les acteurs non licenciés ne seront plus autorisés à opérer. Ce qui marque une rupture avec la période précédente, caractérisée par une offre largement informelle.
Un enjeu économique et monétaire
Selon les autorités, environ 3 millions de Ghanéens, soit près de 17 % de la population adulte, utilisent déjà des cryptos. Cette adoption a des implications directes pour la gestion du cedi, la monnaie nationale, notamment en matière de flux de capitaux et de stabilité financière.
Les volumes confirment l’importance du phénomène. D’après des estimations du Web3 Africa Group, les transactions crypto au Ghana ont atteint environ 3 milliards de dollars sur l’année allant jusqu’à juin 2024. À titre de comparaison, le Nigeria a enregistré 59 milliards de dollars de transactions sur la même période. Le total régional en Afrique subsaharienne est estimé à 125 milliards de dollars
En adoptant ce cadre, le Ghana rejoint une dynamique régionale plus large. Des pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud ont également mis en place des régulations sur les actifs numériques.
De ce fait, les autorités cherchent à canaliser l’innovation, à sécuriser les usages existants et à créer un environnement plus prévisible pour les acteurs économiques. Elles veulent limiter les risques systémiques liés à une adoption non régulée des cryptomonnaies.
