Les stablecoins avancent vite. Pourtant, leur avenir dépend souvent d’un acteur moins visible : la banque qui tient le robinet. Quand la conformité s’inquiète, l’innovation peut se retrouver à sec du jour au lendemain.
JPMorgan coupe les flux de deux start-ups de stablecoins
Fin décembre 2025, JPMorgan a gelé des comptes bancaires liés à deux jeunes pousses de stablecoins, BlindPay et Kontigo, actives notamment au Venezuela. L’affaire met en lumière un réflexe bancaire classique : stopper avant d’expliquer.
Le message de JPMorgan est plus nuancé qu’un simple “anti-crypto”. La banque ne vise pas les stablecoins comme technologie. Elle vise les zones grises autour de l’usage, des partenaires et de la conformité. Dans une grande maison, le doute pèse parfois plus lourd que l’intention.
Ce gel rappelle aussi une réalité simple. Beaucoup de projets crypto restent branchés sur des rails traditionnels. Les comptes, les virements, les prestataires de paiement. Sans ces points d’ancrage, l’expérience utilisateur se dégrade vite. Et la promesse “paiement sans friction” perd son vernis.
Les paiements contestés, ce détail qui fait basculer un dossier
Dans ce dossier, Checkbook apparaît comme un élément déclencheur. Son dirigeant explique qu’une hausse de rétrofacturations et de transactions contestées a fait remonter des alertes internes. Ce n’est pas un détail technique. C’est une alarme sonore dans un environnement régulé.
Les rétrofacturations sont brutales parce qu’elles obligent à revenir en arrière. Elles créent des pertes et des frictions. Elles signalent parfois une fraude. Parfois, c’est “juste” un onboarding trop permissif. Mais pour une banque, l’effet est le même : plus de travail, plus de responsabilité, plus de risque.

C’est là que les stablecoins se heurtent à leur paradoxe. Sur chaîne, tout est rapide. Dans le monde bancaire, tout doit être justifiable. Les preuves comptent. Les logs comptent. Les processus comptent. Quand les contestations montent, la vitesse devient presque un facteur aggravant.
Venezuela : quand la géopolitique complique la conformité
Le Venezuela n’est pas un marché émergent comme un autre. Il s’inscrit dans un environnement de sanctions et de restrictions. Chaque flux devient plus sensible. Une transaction peut être légitime. Elle peut pourtant rester problématique, simplement parce qu’elle traverse une juridiction à haut risque.
Dans ce contexte, la conformité raisonne en scénarios. Le scénario le plus gênant n’est pas toujours celui qui est prouvé. C’est celui qui est plausible. Une identité mal vérifiée. Un client mal catégorisé. Un partenaire trop opaque. Un seul point faible peut contaminer l’ensemble du dossier.
Cette logique explique pourquoi les stablecoins “grand public” ne gagnent pas seulement avec des frais plus bas. Ils gagnent avec des contrôles plus solides. Le marketing parle de rapidité. La banque, elle, parle de traçabilité. Entre les deux, il y a un fossé. Seules des procédures rigoureuses le comblent.
