Le Kenya, connu pour son esprit d’innovation en matière de technologie financière, s’oriente résolument vers la blockchain afin de moderniser son système fiscal. Le nouveau ministre des Finances et de la Planification Économique, John Mbadi, a exposé sa vision de la transformation numérique lors du sommet KRA 2024. Selon Mbadi, la blockchain dépasse largement la simple notion de buzz : elle joue un rôle crucial dans la simplification de la fiscalité, l’intégration de l’économie informelle et l’amélioration de la transparence des échanges commerciaux. Analyseons les objectifs de cette approche.
La Blockchain : catalyseur d’une nouvelle fiscalité
Le Kenya, comme de nombreux pays en développement, lutte contre une économie informelle prolifique et difficile à taxer.
La vision de Mbadi est audacieuse : exploiter la blockchain pour intégrer cette économie non structurée dans le système fiscal.
Selon le ministre, l’utilisation d’un registre décentralisé permettrait de suivre les transactions de manière plus transparente et sécurisée, tout en simplifiant les processus de conformité.
En déployant la blockchain comme au Nigeria, Mbadi espère non seulement une meilleure conformité fiscale, mais aussi une réduction des fraudes.
Grâce aux caractéristiques immuables de cette technologie, les autorités fiscales pourraient automatiser une grande partie du processus, minimisant ainsi les erreurs humaines et renforçant la confiance des contribuables.
Cette transparence pourrait être particulièrement bénéfique pour les PME, qui subissent souvent les contrecoups d’un système opaque et complexe.
Mais le ministre ne s’arrête pas là. La blockchain, combinée avec des plateformes de taxation numérique, offrirait également la possibilité de réduire les délais de traitement et de rendre l’information fiscale accessible en temps réel.
C’est un avantage non négligeable dans un pays où le temps et les ressources sont souvent limités, surtout dans les régions rurales.
Une intégration de l’économie informelle et une réforme ambitieuse
L’économie informelle, estimée à 34 % du PIB kenyan, échappe en grande partie au fisc.
Mbadi envisage d’intégrer cette part non négligeable de l’économie grâce à la blockchain.
En facilitant l’enregistrement et la traçabilité des transactions, le Kenya pourrait progressivement formaliser cette économie et élargir ainsi sa base d’imposition. De cette manière, les petites entreprises informelles, qui font vivre une grande partie de la population, contribueraient aussi au développement du pays.
Pour Mbadi, cette intégration ne se fera pas sans un accompagnement adéquat. C’est pourquoi il a également mis l’accent sur la formation des fonctionnaires publics, qui devront être en mesure de maîtriser ces nouveaux outils technologiques.
Le ministre plaide pour un investissement massif dans la formation en analyse de données et en intelligence artificielle.
En combinant ces compétences avec la blockchain, le Kenya pourrait accroître sa capacité à détecter les fraudes, prédire les revenus et optimiser la collecte fiscale.
Mbadi considère que ces réformes sont aussi une réponse aux exigences de l’IMF, qui pousse le pays à augmenter ses recettes fiscales pour compenser un déficit budgétaire croissant.
L’utilisation de technologies de pointe comme la blockchain n’est donc pas seulement une question de modernisation, mais aussi une nécessité pour maintenir la stabilité économique du pays.
La vision du ministre Mbadi pour le Kenya est à la fois audacieuse et pragmatique. En misant sur la blockchain pour transformer la fiscalité, le Kenya fait un pari sur l’avenir. Les défis sont nombreux, mais le potentiel de cette technologie pour créer une économie plus transparente et inclusive pourrait bien ouvrir une nouvelle ère pour le pays. Avec des initiatives telles que l’intégration de l’économie informelle et des partenariats internationaux, le Kenya est prêt à relever le défi et à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire des technologies financières en Afrique.