Le bitcoin peut encore remonter vers la zone 97 000–107 000 $ avant de replonger plus tard. C’est le paradoxe du moment. Le marché donne parfois l’impression de “respirer” alors qu’il prépare surtout le mouvement qui fait mal. En ce 23 décembre 2025, le prix tourne autour de 88 000–90 000 $ dans un marché peu liquide, typique des fins d’année.
Un marché qui s’étire : le bear prend son temps
Depuis septembre, la dynamique reste lourde. Les rebonds existent, mais ils ressemblent à des sursauts. Pas à un changement de régime. Le bitcoin colle à une logique de range. Il avance par petits pas. Puis il recule d’un coup, souvent sur un prétexte.
Ce tempo lent a une fonction. Il fabrique de la liquidité. Il attire des ordres. Place des stops. Il pousse aussi les traders à se fatiguer. Beaucoup sur-réagissent car ils attendent un mouvement “propre”. Un trait droit. Or le marché préfère les couloirs, pas les autoroutes.
Dans ce cadre, une hausse vers 97 000–107 000 $ reste plausible. Pas parce que tout va mieux, mais parce qu’un marché baissier adore offrir une dernière bouffée d’air. Le piège classique consiste à rendre le rebond crédible, assez longtemps, pour que les vendeurs capitulent trop tôt et que les acheteurs se croient “en avance”.
La psychologie fait le sale boulot pour le bitcoin
La partie la plus violente ne se voit pas toujours sur le graphique. Elle se passe dans la tête. Le bitcoin a une spécialité : user les nerfs par l’ennui. Un range prolongé paraît inoffensif. En réalité, il pousse à multiplier les décisions. Et plus on décide, plus on s’épuise.
C’est là que naît l’idée de se “couvrir”. Garder une position vendeuse comme assurance, tout en achetant un peu pour profiter d’un rebond. Sur le papier, c’est logique. Dans la pratique, c’est exigeant. Il faut accepter d’avoir tort à moitié, parfois longtemps. Et il faut résister au besoin d’avoir raison tout de suite.
Le marché compte sur la lassitude. Il sait que beaucoup abandonnent au pire moment. Un bottom ne ressemble presque jamais à une célébration. Il ressemble à un malaise. Puis, quand le bitcoin repart franchement, une autre mécanique se déclenche. Le FOMO. Ceux qui n’osaient pas acheter “quand tout allait mal” achètent “quand tout va mieux”. Souvent trop haut, souvent trop tard.
La vraie variable
Derrière le bitcoin, il y a une toile de fond plus froide : la liquidité en dollars. Quand elle se tend, les actifs risqués respirent moins bien. Et quand elle se détend, ils redeviennent très sensibles aux flux. En 2025, plusieurs signaux ont rappelé que les marchés de financement de court terme peuvent encore grincer. Des banques ont même puisé fortement dans la Standing Repo Facility (SRF) à certains moments, un signe que la plomberie financière mérite toujours d’être surveillée.
La SRF, c’est une porte de secours. Depuis 2021, la Fed la maintient pour fournir des liquidités contre collatéral, afin de limiter les tensions sur les taux au jour le jour. Le point crucial, c’est la nuance. Ce n’est pas un “cadeau”. C’est un prêt très court, avec des titres de haute qualité en face. On parle d’oxygène, pas d’un nouveau poumon.
Et la Fed a justement ajusté le dispositif récemment. Le 10 décembre 2025, la Fed de New York a annoncé que les opérations de standing overnight repo n’auraient plus de limite opérationnelle agrégée et passeraient en “full allotment”. Chaque contrepartie peut soumettre une proposition par type de titre, plafonnée à 40 milliards de dollars. Dit autrement : la fenêtre reste ouverte, mais le cadre reste technique, encadré, et le cash revient vite.
C’est là que le scénario “lent puis violent” prend une autre couleur. Si la liquidité se resserre, le bitcoin peut continuer à s’éroder, même sans mauvaise nouvelle spectaculaire. Si une crise de financement surgit en 2026, la réponse politique et monétaire pourrait redevenir plus accommodante, comme après un choc. Personne ne peut dater l’étincelle. Mais on peut comprendre la logique : la fragilité du système pousse les autorités à éviter les accidents de liquidité.
