Strategy, la société de Michael Saylor, vient d’ajouter 1 229 BTC à sa réserve bitcoin, pour environ 108,8 millions de dollars. L’achat a été réalisé entre le 22 et le 28 décembre, à un prix moyen proche de 88 568 $ par bitcoin, et porte le total déclaré à 672 497 BTC. C’est un nouvel acte de foi, au moment même où le bitcoin affiche encore une baisse d’un peu plus de 7 % sur 2025.
Bitcoin : Un achat “petit”, mais très parlant
L’opération ne ressemble pas aux grosses bouchées avalées plus tôt ce mois-ci. Strategy avait déjà communiqué sur des achats nettement plus massifs en décembre, parfois proches du milliard de dollars. Ici, le ticket est plus modeste. Mais le signal est plus net : l’entreprise n’attend pas un meilleur prix pour agir.
Le bitcoin fait des allers-retours sous les 90 000 $ et n’a pas réussi à effacer durablement sa contre-performance annuelle. Dans ce contexte, acheter ressemble moins à une recherche de performance immédiate qu’à une manière de verrouiller une discipline : la régularité plutôt que le timing.
Strategy insiste aussi sur ses métriques, comme un tableau de bord destiné au marché. Sur sa page dédiée aux achats, le groupe affiche un coût moyen d’environ 74 997 $ par BTC et un “BTC yield” annoncé à 23,2 % sur l’année. Ce vocabulaire n’est pas anodin. Il tente de faire entrer le bitcoin dans une grammaire d’entreprise, avec des indicateurs qui parlent aux investisseurs.
Il y a enfin un côté rituel assumé. La veille de l’annonce, Saylor a publié son clin d’œil dominical sur X, “Back to Orange”, comme un panneau “attention, achat en approche”. Les marchés connaissent la musique. À force, cette routine devient un élément de narration à part entière dans l’univers crypto.

Le financement par actions, la vraie mécanique
Ce qui pèse vraiment, ce n’est pas seulement le nombre de bitcoins achetés. C’est la source des fonds. Strategy explique avoir financé cette tranche via la vente d’actions, pour un produit net équivalent au montant dépensé en bitcoin. Autrement dit, l’entreprise transforme directement l’appétit boursier en satoshis.
Ce modèle crée un décalage important entre “bitcoin” et “MSTR”. Le BTC est un actif, avec sa volatilité et ses cycles. MSTR est un véhicule, avec une structure financière, des émissions, et un effet de levier implicite. En période de hausse, ce mélange peut doper l’enthousiasme. En période de baisse, il amplifie aussi l’inconfort, car la dilution devient une question concrète.
Les chiffres de marché rappellent que la Bourse ne donne pas un blanc-seing permanent. En 2025, l’action Strategy a fortement reculé, autour de -47 % sur l’année, et son cours se situe loin de ses sommets de mi-année. Le bitcoin baisse aussi, mais il ne porte pas le même bagage financier sur le dos.

Quand le marché est vert, tout le monde est long terme. Quand il est rouge, le long terme devient un sport de combat. Strategy montre qu’elle reste acheteuse quand l’ambiance se refroidit.
Cette posture n’est pas sans conséquences autour d’elle. Reuters soulignait début décembre que des produits à effet de levier liés à Strategy avaient encaissé de lourdes pertes en 2025, reflet indirect de la baisse combinée de MSTR et du bitcoin. En décembre, Strategy avait même marqué une pause sur une semaine, en renforçant une réserve en dollars. Sa conviction n’empêche pas la gestion de caisse.
