Dès le 1er janvier 2026, l’Afrique du Sud et l’Ouganda entrent dans l’ère CARF. Concrètement, les plateformes crypto devront collecter plus d’informations sur leurs clients, vérifier leur résidence fiscale, puis transmettre chaque année soldes et transactions à l’administration locale. Ensuite, ces données voyageront entre pays via les mécanismes d’échange déjà en place. L’objectif est simple. Rendre la fiscalité crypto moins “floue” et beaucoup plus vérifiable.
Ce que CARF change vraiment à partir de 2026
L’arrière-plan est celui d’une normalisation mondiale. L’OCDE pousse un standard unique pour éviter que les cryptos restent une zone grise. Et l’Union européenne applique déjà la logique CARF via DAC8, avec une collecte qui démarre aussi au 1er janvier 2026 pour les utilisateurs résidents de l’UE.
CARF ne crée pas une “nouvelle taxe crypto” par magie. Il rend surtout les règles existantes beaucoup plus applicables. Jusqu’ici, la fiscalité reposait souvent sur une déclaration volontaire, plus ou moins bien comprise. À partir de 2026, les autorités reçoivent des fichiers standardisés. Et ça change le rapport de force, même si le barème d’impôt ne bouge pas.
La nouveauté la plus visible, c’est l’onboarding. Les plateformes crypto devront poser des questions plus précises. La résidence fiscale devient centrale. Les justificatifs peuvent devenir plus fréquents. Et les comptes “dormants” ne seront pas forcément oubliés. CARF impose une logique de vérification continue, pas juste un KYC fait une fois.
Autre point qui pique : la granularité. CARF vise les transactions et les soldes, pas uniquement l’identité. Donc, même des flux répétitifs de petits montants peuvent devenir lisibles. L’utilisateur qui pensait être “trop petit pour intéresser le fisc” découvre souvent l’inverse. La machine, elle, n’a pas d’ego. Elle additionne.
Afrique du Sud et Ouganda : même cadre, tempo différent
L’Afrique du Sud avance avec un cadrage déjà très concret. La mise en œuvre locale passe par des textes et un calendrier annoncé, avec une entrée en vigueur qui se joue au premier trimestre 2026 selon les communications relayées dans la sphère fiscale. Pour les acteurs sud-africains, le sujet n’est donc plus théorique. Il est opérationnel.
Cela implique des chantiers internes lourds pour les exchanges comme Binance. Il faut relier CARF aux processus AML/KYC. Par ailleurs, il faut adapter les parcours utilisateurs. Dans beaucoup de boîtes, cela finit par rapprocher trois équipes qui se parlaient peu : conformité, produit, ingénierie. Et, au passage, le support client devient un maillon critique.
Pour l’Ouganda, le signal important est l’alignement international. Le pays apparaît parmi les juridictions engagées à mettre en œuvre CARF dans la fenêtre 2026–2027, ce qui l’inscrit dans le même mouvement que des marchés beaucoup plus grands. C’est un choix stratégique. Il dit : “on veut être compatible avec le futur standard”, même si l’écosystème local reste plus petit et parfois plus fragmenté.
Ce que les exchanges crypto et les utilisateurs doivent anticiper dès maintenant
Pour les plateformes, CARF devient un test de maturité. Les acteurs déjà régulés peuvent en faire un avantage compétitif. Parce que la confiance, en 2026, ne sera plus seulement une question de liquidité ou de frais. Ce sera aussi une question de conformité lisible. Ceux qui bricolent risquent de perdre des partenaires bancaires. Ou de subir des sorties d’utilisateurs au pire moment.
Pour les utilisateurs, l’enjeu est plus terre-à-terre. Il faut être cohérent entre déclarations fiscales et historique d’échanges. En effet, il faut aussi comprendre que “plateforme offshore” ne veut plus dire “invisible”. CARF est conçu précisément pour casser cette intuition. Et, avec l’échange automatique d’informations, les écarts deviennent plus faciles à repérer.
CARF pousse une partie de l’activité vers des zones moins intermédiées, comme certains usages DeFi. Mais l’idée d’une échappatoire parfaite est souvent un mirage. Les points de conversion fiat, les rampes d’entrée, et même certains prestataires “crypto” restent des endroits où l’identité et la résidence fiscale peuvent réapparaître. En clair, 2026 marque surtout la fin progressive de la crypto “hors radar” pour le grand public.
