Artur Schaback, cofondateur de l’échange de crypto-monnaies Paxful, risque jusqu’à cinq ans de prison après avoir admis son échec à mettre en place des mesures efficaces de lutte contre le blanchiment d’argent (AML). Cette affaire souligne les défis et les risques inhérents à l’industrie crypto, tout en mettant en lumière les lacunes en matière de conformité et de régulation. Décryptons les détails de ce scandale et ses implications pour l’écosystème crypto.
Les accusations et l’accord de plaidoyer
Artur Schaback, ancien directeur technique de Paxful, a plaidé coupable de complot visant à ne pas maintenir un programme efficace de lutte contre le blanchiment d’argent.
Selon le ministère américain de la Justice, Schaback et un co-conspirateur, identifié comme le « président et directeur général » de Paxful, ont échoué à mettre en place un programme AML et KYC (connaissance du client) dans les 90 jours suivant le lancement de l’entreprise.
En conséquence, Paxful est devenu un terreau fertile pour le blanchiment d’argent et d’autres activités criminelles.
Le ministère de la Justice a déclaré que cette négligence a permis des fraudes, des escroqueries amoureuses, des stratagèmes d’extorsion et même des activités de prostitution. Pour ces manquements, Schaback pourrait être condamné à une amende de 5 millions de dollars, payable en trois versements.
Un échec systémique de conformité
Entre juillet 2015 et juin 2019, Schaback et son co-conspirateur ont permis aux utilisateurs d’ouvrir des comptes Paxful sans fournir d’informations d’identification suffisantes.
Cette faille a permis à de nombreux utilisateurs d’effectuer des transactions anonymes, échappant ainsi aux régulations financières.
Paxful s’est même présenté comme une plateforme ne nécessitant pas de KYC, attirant ainsi des utilisateurs souhaitant échapper à toute surveillance réglementaire.
Des agents infiltrés des forces de l’ordre ont pu réaliser des transactions à partir de comptes Paxful sans aucune vérification d’identité.
Lorsque des tiers ont demandé une politique AML, Schaback et son partenaire ont présenté un document plagié d’une autre institution, sachant pertinemment qu’il n’était pas appliqué.
Les répercussions pour Paxful et l’industrie crypto
Cette affaire ne se limite pas à Schaback. En mars 2023, Schaback a poursuivi son cofondateur et ancien PDG de Paxful, Mohamad (Ray) Youssef, les accusant de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et d’évasion des sanctions.
Ce conflit interne a exacerbé les problèmes de conformité de Paxful et a entraîné la nomination de Srinivas Raju comme dépositaire de la bourse par décision de justice.
La nomination de Roshan Dharia en tant que PDG par intérim vise à stabiliser l’entreprise.
Cependant, le scandale a déjà terni la réputation de Paxful et soulevé des questions sur la régulation de l’industrie crypto. Les acteurs du secteur doivent désormais redoubler d’efforts pour garantir la conformité et la transparence, afin d’éviter des situations similaires à l’avenir.