L’écart est net : depuis début novembre, l’or affiche environ +9 %, le S&P 500 progresse d’environ +1 %, et le Bitcoin recule d’environ -20 % autour de la zone des 88 000 $. Mais pour Santiment, 2026 pourrait offrir une chance de “rattrapage” à la crypto si certaines dynamiques se remettent en place.
Un retard de la crypto visible face à l’or et au S&P 500
Ce décalage n’est pas qu’une question de prix. Il raconte aussi un arbitrage. Quand le marché veut du “solide”, il revient vers l’or. Quand il veut de la visibilité, il reste sur les actions. La crypto, elle, paie cher chaque zone d’incertitude.
Santiment insiste sur un point simple : la corrélation et la performance relative des cryptos restent en retard par rapport aux grands secteurs. Cela ne veut pas dire “fini”. Ça veut dire “pas encore”. Et ce “pas encore” peut durer plus longtemps qu’on ne l’imagine quand on a le nez sur les graphiques.
Le détail intéressant, c’est la psychologie. Le Bitcoin a déjà vécu mille procès en légitimité. Mais quand l’or redevient la référence de calme, le récit “or numérique” se fait challenger. Ce n’est pas fatal. C’est un test de narration, au moment où l’argent cherche un abri clair.
Les baleines lèvent le pied, puis reviennent
Santiment met aussi en avant un signal de fond : en 2025, la seconde moitié de l’année a vu les petits porteurs accumuler, pendant que les gros portefeuilles restaient plutôt stables. Puis certains ont même réduit. C’est souvent là que la frustration s’installe : “tout le monde achète, et rien ne bouge”.
Or l’histoire des cycles crypto est parfois cruelle et logique à la fois. Les retournements les plus propres arrivent quand les mains faibles vendent, et que les mains fortes reprennent. Santiment le dit à sa manière : l’une des recettes d’un passage baissier vers haussier, c’est le retour de l’accumulation sur les gros portefeuilles.
Autre petit changement d’ambiance : certains détenteurs long terme semblent avoir ralenti leurs ventes. Ce frein peut paraître anecdotique. En réalité, il réduit la pression d’offre au mauvais moment, celui où le marché doute déjà. Quand la vente se tarit, le prix n’a pas besoin d’une foule pour respirer.
Liquidité, récit et rotation : le scénario crypto 2026
Il y a aussi une hypothèse plus “macro” qui traîne dans l’air : la rotation. Garrett Jin, ancien dirigeant de BitForex, a lâché une phrase très marché dans l’esprit : la parenthèse sur les métaux se refermerait, et des capitaux commenceraient à revenir vers la crypto. Dit autrement : le même argent change juste de costume.
Les données on-chain donnent un aperçu, sans raconter toute l’histoire. Nansen a montré une hausse des adresses actives Bitcoin sur 24 heures, tout en indiquant une baisse du nombre de transactions. Ça peut sonner contradictoire. Ça peut aussi refléter une phase d’observation : plus d’acteurs “reviennent regarder”, sans encore se repositionner massivement.

Dans ce contexte, le récit peut basculer vite. CyrilXBT parle d’une “position classique de fin de cycle” avant un changement : l’or se calme, le BTC reprend le leadership, l’ETH suit, puis les altcoins se réveillent. Ce genre de phrase peut agacer. Mais elle décrit une mécanique connue : le marché bouge souvent avant que l’histoire officielle ne se mette à jour.
Ce qui peut encore dérailler, et ce qui peut surprendre
Le risque principal, c’est de croire que “2026” est une baguette magique. Un rattrapage n’est pas un droit. Il faut un cocktail : un peu de liquidité, un peu de confiance, et moins de chocs exogènes. Sans ça, la crypto peut rester en retard et le marché s’y habituera.
L’autre piège, c’est la lecture trop littérale des signaux on-chain. Une hausse d’adresses actives ne garantit pas une tendance. Une baisse de transactions ne crie pas forcément “fuite”. Ces indicateurs sont utiles, mais ils ne remplacent pas le moteur principal : l’envie de risque, au bon prix.
Ce qui peut surprendre, en revanche, c’est la vitesse du changement quand il démarre. La crypto adore les retournements brusques, parce qu’elle est un marché de narration autant que de liquidité. Si les gros portefeuilles reprennent l’accumulation au moment où les particuliers se lassent, 2026 peut effectivement ressembler à une année de rattrapage. Pas forcément spectaculaire. Mais suffisamment nette pour que l’écart avec l’or et les actions cesse d’être le sujet numéro un.
